Le calcul carbone du scope 3 est un défi pour les propriétaires immobiliers, en particulier dans le secteur du bâtiment où il peut représenter jusqu’à 90 % des émissions indirectes. Ce périmètre inclut des éléments complexes comme les matériaux de construction, les équipements, et les émissions liées à la fin de vie des bâtiments. Pourtant, une évaluation précise est essentielle pour planifier une stratégie de décarbonation crédible et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Voici une démarche structurée en cinq étapes pour réussir ce calcul et garantir des résultats fiables.
1. Vérifier que le scope 3 inclut bien le bâti
La première étape consiste à s’assurer que le périmètre d’analyse inclut tous les composants physiques du parc immobilier. Le scope 3 est souvent négligé ou simplifié, notamment par des approximations basées sur des valeurs financières (comme la valeur vénale des bâtiments) plutôt que sur la réalité des matériaux.
Une inclusion rigoureuse du bâti signifie intégrer les émissions liées :
- Aux matériaux de construction (béton, acier, bois, etc.).
- À la maintenance et aux rénovations.
- À la fin de vie des bâtiments.
Oublier ces aspects revient à ignorer une part majeure des émissions, rendant l’exercice inutile pour une stratégie de décarbonation.
2. Évaluer la méthode de calcul utilisée
La qualité des résultats dépend directement de la méthode de calcul employée. Il est crucial de s’appuyer sur des standards reconnus pour garantir des estimations fiables :
- FDES (Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire) : elles fournissent des données détaillées sur les matériaux.
- Norme EN 15978 : une référence pour évaluer les impacts environnementaux des bâtiments tout au long de leur cycle de vie.
- RE2020, LCBI et RICS : des cadres et recommandations qui assurent une cohérence avec les objectifs climatiques.
Évitez les approximations ou méthodes simplistes qui ne tiennent pas compte des spécificités du patrimoine.
3. Réaliser un inventaire des matériaux et constituants
Un inventaire précis des constituants du bâti est indispensable pour alimenter les calculs. Sans cela, vous risquez de baser vos estimations sur des hypothèses générales qui ne reflètent pas la réalité de votre patrimoine.
Pour réaliser cet inventaire :
- Identifiez les matériaux et équipements principaux de vos bâtiments.
- Utilisez des outils modernes (scanner 3D, bases de données sectorielles) pour simplifier le recensement.
- Appuyez-vous sur des experts capables d’évaluer les matériaux difficiles à caractériser.
Cet effort initial peut sembler complexe, mais il garantit des calculs solides et reproductibles.
4. Utiliser des données fiables pour évaluer l’empreinte réelle
Les bases de données jouent un rôle clé dans la précision des calculs. Plusieurs options s’offrent à vous :
- DED (Données Environnementales par Défaut) : fournies par l’ADEME, elles sont utiles mais restent des estimations générales.
- FDES et les Passeports Circulaires : plus détaillés, ils permettent de refléter les caractéristiques spécifiques des matériaux utilisés dans votre patrimoine.
En choisissant les données les plus précises disponibles, vous réduisez l’incertitude et obtenez une vision plus juste de votre empreinte carbone.
5. Simuler l’impact des nouveaux projets
Pour tester la robustesse de votre calcul, il est utile de simuler l’ajout de nouveaux projets à votre patrimoine. Par exemple, l’ajout de 1 000 logements neufs conformes à la RE2020 pourrait représenter environ 42 000 tCO₂eq supplémentaires.
Si cette simulation révèle des écarts significatifs par rapport à vos calculs actuels, cela peut indiquer que votre méthodologie initiale est incomplète ou imprécise.
Conclusion
Réussir le calcul carbone du scope 3 sur votre bâti nécessite une approche rigoureuse, combinant une méthode éprouvée, des données précises et une compréhension fine des matériaux qui composent votre patrimoine. En suivant ces cinq étapes, vous pouvez établir une base solide pour vos objectifs de décarbonation, anticiper les exigences réglementaires, et renforcer la crédibilité de votre démarche environnementale auprès de vos parties prenantes.
Cette démarche est particulièrement stratégique dans un secteur où le scope 3 représente la majorité des émissions. En investissant dans des outils et des méthodes fiables dès maintenant, vous préparez efficacement votre transition vers la neutralité carbone.