Calculer l’empreinte carbone dans l’immobilier demande de bien comprendre les émissions générées par les activités et les constituants. Une évaluation approximative, surtout sur le scope 3, peut engendrer des erreurs massives et sous-estimer les émissions d’un rapport de 10 à 20 par rapport à la réalité.
Pourquoi ? Parce que la plupart des calculs effectués ne prennent pas en compte la réalité des produits qui composent les bâtiments. Cette lacune est souvent due à la complexité de caractériser précisément les matériaux et équipements d’un patrimoine immobilier. Or, le scope 3 représente jusqu’à 90-95 % des émissions indirectes pour un propriétaire immobilier. Sous-évaluer cet aspect fausse toute la stratégie de décarbonation, avec des impacts à long terme majeurs.
I. Comprendre les enjeux du scope 3 dans le bâtiment
1. Une empreinte dominante mais souvent oubliée
Le scope 3 inclut toutes les émissions indirectes, comme celles liées aux matériaux de construction, à leur transport, ou encore à la fin de vie des bâtiments. Ce volet représente désormais 50 à 80 % des émissions d’un bâtiment sur un cycle de vie de 50 ans selon le LCBI. Pour les bâtiments tertiaires neufs, il peut constituer 60 % des émissions totales (source Cerema).
Pour donner une idée concrète, il faut compter environ 0,4 tCO₂eq par m² pour le scope 3 bâti. Un patrimoine de 20 000 logements équivaut donc à 500 000 tCO₂eq.
Cependant, ces chiffres peuvent varier en fonction des données utilisées :
- Données environnementales par défaut (DED) de l’ADEME.
- FDES (Fiches de Déclaration Environnementale et Sanitaire) ou Passeports Circulaires, qui permettent des estimations plus précises et, dans certains cas, des résultats plus faibles.
2. Les erreurs fréquentes dans les calculs
De nombreux bureaux d’études adoptent une approche simplifiée pour évaluer le scope 3 :
- Soit ils oublient complètement d’intégrer les matériaux et équipements du patrimoine.
- Soit ils utilisent des approximations grossières, par exemple en extrapolant à partir de la valeur vénale des bâtiments. Ces pratiques biaisent les résultats et compliquent toute trajectoire de décarbonation.
II. Les conséquences d’une sous-évaluation
1. Une stratégie de décarbonation inadaptée
L’objectif de mesurer une empreinte carbone est de la réduire progressivement pour atteindre la neutralité en 2050. Mais si les chiffres de départ sont erronés, la trajectoire devient irréalisable. Par exemple :
- Si une foncière estime à tort que son parc immobilier a émis 50 000 tCO₂eq au lieu de 500 000 tCO₂eq, elle se fixera des objectifs de réduction bien trop bas.
- Lors de l’ajout de nouveaux logements, comme 1 000 logements neufs conformes à la RE2020 (soit environ 42 000 tCO₂eq supplémentaires), elle se retrouvera dépassée par l’augmentation de ses émissions réelles.
2. Un impact sur la crédibilité et les finances
Les incohérences entre les déclarations initiales et les émissions réelles peuvent affecter la réputation de l’entreprise auprès des investisseurs et des régulateurs. De plus, les corrections nécessaires à mi-parcours sont souvent coûteuses.
3. Une gestion inefficace des ressources
Sans données précises, les efforts de décarbonation sont mal orientés. Les investissements dans des matériaux bas-carbone, le réemploi ou l’éco-conception risquent d’être insuffisants ou mal ciblés.
III. Une démarche en cinq étapes pour des calculs fiables
- Vérifier que le scope 3 inclut bien le bâtiAssurez-vous que l’ensemble des constituants du patrimoine est pris en compte dans le périmètre d’évaluation.
- Évaluer la méthode de calcul utiliséeLes calculs doivent être basés sur des données précises et standards, comme les FDES, la norme EN 15978, ou les recommandations RE2020/LCBI/RICS.
- Réaliser un inventaire des matériaux et constituantsSi les composants du patrimoine sont mal connus, il est crucial de les recenser. Des méthodes fiables et abordables existent pour établir cet inventaire.
- Utiliser des données fiables pour évaluer l’empreinte réelleLes FDES et les Passeports Circulaires permettent d’affiner les estimations et de réduire les approximations liées aux DED.
- Simuler l’impact des nouveaux projetsTestez votre modèle en ajoutant des projets type, comme des logements neufs conformes à la RE2020. Cela permettra de vérifier si les résultats actuels sont cohérents.
Conclusion
Sous-évaluer l’empreinte carbone d’un patrimoine immobilier, particulièrement le scope 3, expose à des difficultés majeures pour atteindre les objectifs climatiques. Cette lacune, souvent due à un manque de caractérisation des matériaux, fausse les stratégies de décarbonation et alourdit les coûts à long terme.
Pour éviter ces écueils, il est essentiel de s’appuyer sur des outils et des méthodes rigoureuses, intégrant une vue globale des émissions. Upcyclea accompagne les foncières et bailleurs sociaux avec des solutions adaptées pour évaluer et réduire leur empreinte carbone de manière crédible et progressive, en visant le Net-Zero pour 2050.