Immobilier et économie circulaire : comment maximiser le réemploi des matériaux grâce à la modélisation ?

Le secteur du bâtiment est responsable de 40 % de la consommation mondiale de ressources et 30 % des déchets générés, selon le Global Status Report for Buildings and Construction (UNEP)【1】. Face à ces chiffres alarmants, le réemploi des matériaux s’impose comme une solution clé pour réduire l’impact carbone des projets immobiliers.

Cependant, si l’intérêt du réemploi est largement reconnu, son intégration dans les pratiques immobilières reste encore limitée. Le principal obstacle ? L’absence de données précises sur les gisements de matériaux réemployables et sur leur impact environnemental.

C’est là que la modélisation du patrimoine immobilier devient essentielle. En identifiant les matériaux réutilisables, en simulant différents scénarios de réemploi et en mesurant les gains carbone associés, ces outils permettent d’optimiser les projets de rénovation et de construction.

1. Pourquoi le réemploi des matériaux devient un enjeu stratégique en immobilier ?

Un secteur ultra-consommateur de ressources

La construction et la rénovation immobilières mobilisent des volumes gigantesques de matériaux, dont la production est extrêmement polluante :

  • Le béton est responsable de 8 % des émissions mondiales de CO₂, avec une empreinte carbone allant de 600 à 800 kg de CO₂ par tonne【2】.
  • L’acier, indispensable aux structures modernes, représente 7 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre【3】.
  • Les matériaux de construction comptent pour plus de 50 % du poids total des déchets produits en Europe, mais leur taux de réutilisation reste inférieur à 40 %【4】.

Face à cette situation, le réemploi et l’économie circulaire sont les seules solutions viables pour réduire l’empreinte carbone de l’immobilier sans multiplier les constructions neuves.

Des réglementations qui accélèrent la transition

Les nouvelles législations poussent les acteurs de l’immobilier à intégrer la gestion du carbone embarqué et l’économie circulaire dans leurs stratégies :

  • La RE2020 en France impose une réduction du carbone incorporé dans les bâtiments neufs.
  • La taxonomie européenne favorise les actifs bas-carbone, avec une exigence accrue sur le Scope 3.
  • Les labels environnementaux comme BBCA et HQE encouragent la réutilisation des matériaux pour limiter l’impact environnemental.

Ne pas intégrer ces évolutions, c’est prendre le risque d’être en retard sur la mise en conformité et de voir ses actifs perdre en valeur.

2. Comment la modélisation du patrimoine permet-elle d’optimiser le réemploi des matériaux ?

Cartographier les gisements de matériaux disponibles

L’un des défis majeurs du réemploi est d’identifier en amont les matériaux récupérables et d’anticiper leur potentiel de valorisation.

Les outils de modélisation permettent :

D’établir un inventaire précis des matériaux d’un bâtiment (béton, acier, bois, vitrages, etc.).

De quantifier le carbone embarqué de chaque élément et d’évaluer le gain carbone en cas de réemploi.

D’identifier les bâtiments pouvant servir de gisement de matériaux pour de futurs projets.

Grâce à cette vision globale, les gestionnaires d’actifs peuvent intégrer le réemploi dès la phase de conception des projets.

Simuler l’impact environnemental des différents scénarios de rénovation

Les outils de modélisation permettent de comparer plusieurs stratégies :

  • Démolition-reconstruction avec des matériaux neufs → impact carbone très élevé.
  • Rénovation en intégrant des matériaux réemployés → réduction significative du carbone incorporé.
  • Réutilisation des matériaux dans d’autres projets → maximisation de l’économie circulaire et des bénéfices ESG.

Ces simulations aident à choisir la solution la plus performante sur le plan environnemental et économique.

Optimiser la logistique du réemploi et structurer des filières locales

Le principal frein au réemploi est souvent logistique : stockage des matériaux, compatibilité avec les nouveaux projets, coûts de transport…

Les solutions de modélisation permettent d’optimiser cette gestion en :

Connectant les bâtiments en rénovation avec des projets en construction pour limiter les distances de transport.

Facilitant l’intégration des matériaux réemployés dans les appels d’offres et les cahiers des charges.

Structurant une approche de réemploi à l’échelle d’un portefeuille immobilier pour mutualiser les ressources.

Cette approche permet de maximiser les bénéfices environnementaux du réemploi tout en réduisant les coûts des projets.

3. Quels sont les bénéfices concrets du réemploi structuré grâce à la modélisation ?

Une réduction significative du Scope 3

Le Scope 3 représente jusqu’à 90 % de l’empreinte carbone d’un gestionnaire d’actifs. Grâce au réemploi, il est possible de :

  • Réduire la demande en matériaux neufs, et donc les émissions associées à leur fabrication.
  • Diminuer les émissions liées au transport et à la gestion des déchets.
  • Allonger la durée de vie des matériaux existants, limitant ainsi la production de nouveaux déchets.

Un critère différenciant pour la valorisation des actifs

Les investisseurs et financeurs privilégient de plus en plus les actifs alignés avec les objectifs de neutralité carbone. Un projet immobilier intégrant une forte proportion de réemploi peut :

  • Accéder plus facilement aux financements verts et aux obligations durables.
  • Améliorer sa notation ESG, un critère décisif pour les fonds d’investissement.
  • Bénéficier d’une valorisation renforcée sur le marché grâce à son alignement avec les nouvelles normes environnementales.

Une optimisation des coûts et une meilleure résilience face aux pénuries

Le marché des matériaux est de plus en plus soumis à des tensions d’approvisionnement et à des hausses de prix. Anticiper le réemploi permet :

  • D’éviter la volatilité des prix des matériaux neufs en misant sur des ressources déjà disponibles.
  • De sécuriser les coûts des projets en réduisant la dépendance aux importations.
  • D’intégrer une logique de résilience face aux crises des matières premières.

Conclusion : le réemploi, un levier clé pour un immobilier bas-carbone

La transition vers un immobilier durable ne peut plus se limiter à l’efficacité énergétique. L’optimisation des matériaux et la réduction du Scope 3 sont désormais des priorités stratégiques pour répondre aux exigences ESG et garantir la compétitivité des actifs.

Grâce à la modélisation du patrimoine, il devient possible de :

Cartographier les matériaux réemployables et structurer une stratégie d’économie circulaire.

Comparer les scénarios de rénovation pour maximiser les gains carbone et financiers.

Optimiser les coûts et valoriser les actifs auprès des investisseurs ESG.

Les gestionnaires d’actifs qui intègrent cette approche dès aujourd’hui bénéficieront d’un avantage concurrentiel durable dans un marché en pleine mutation.

En savoir plus

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Sources :

[1] Global Status Report for Buildings and Construction 2021 (UNEP) – Lien

[2] The Global CO2 Initiative (University of Michigan) – Lien

[3] World Steel Association (WSA) – Lien

[4] European Environment Agency (EEA) – Lien

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