Économie circulaire : peut-on faire de la réhabilitation et de la déconstruction circulaire ?

L’économie circulaire est un concept qui gagne en popularité à mesure que nous prenons conscience de l’importance de la durabilité et de la conservation des ressources. Dans le secteur du bâtiment, on parle beaucoup d’éco-conception de bâtiments, mais est-il possible de faire de parler de réhabilitation circulaire (réhabiliter selon les principes de l’économie circulaire) .

Comprendre l’économie circulaire

L’économie circulaire est un modèle économique qui vise à minimiser l’utilisation des ressources et à maximiser leur valeur tout au long de leur cycle de vie. Au lieu de suivre le modèle traditionnel linéaire de « prendre-faire-jeter », l’économie circulaire propose un cycle fermé où les ressources sont constamment réutilisées, recyclées et valorisées.

Dans le secteur du bâtiment, cela signifie concevoir des bâtiments de manière à ce qu’ils puissent être démontés et leurs matériaux réutilisés, upcyclés ou recyclés à la fin de leur vie utile. Cette approche transforme les bâtiments en véritables « banques de matériaux », où chaque élément est considéré comme une ressource précieuse pouvant être réutilisée.

Cela implique également de réhabiliter les bâtiments existants au lieu de les démolir, ce qui permet de conserver les matériaux et de réduire les déchets de construction. Dans ce contexte, nos villes deviennent des « mines urbaines » regorgeant de matériaux précieux prêts à être exploités, contribuant ainsi à une économie plus circulaire et durable.

Peut-on parler de réhabilitation circulaire ?

Il est évident que l’approche la plus efficace pour créer une banque de matériaux est de la constituer dès la conception du bâtiment, une pratique connue sous le nom de “Building As Material Bank” (bâtiment banque de matériaux). Cependant, si cela n’a pas été fait, ce n’est pas une fatalité. Il est tout à fait possible de transformer un bâtiment existant en une banque de matériaux lors de son exploitation, et en particulier lors des phases de réhabilitation, grâce à la caractérisation de l’ensemble de ses composants.

Il est d’ailleurs à noter qu’en fonction de la typologie du bâtiment – tertiaire, résidentiel, commerces, etc – ses composants seront remplacés jusqu’à 8 fois au cours du cycle de vie du bâtiment. Ce sont donc autant d’occasions de traiter ses matériaux comme des ressources usagées et non plus comme des déchets.

La réhabilitation circulaire implique donc de considérer chaque composant du bâtiment comme une ressource potentielle qui peut être réemployée, upcyclée ou recyclée.

Les deux volets de la réhabilitation circulaire

La réhabilitation circulaire est un processus à trois volets. D’une part, il s’agit de traiter les ressources usagées de manière à minimiser les déchets et à maximiser la réutilisation et le recyclage. D’autre part, il s’agit de choisir de nouveaux produits, matériaux et équipements durables, circulaires et respectueux de l’environnement. Enfin il est impératif de consituter la banque digitale du projet réhabilité.

A. Le traitement des ressources usagées

Lorsqu’un composant d’un bâtiment atteint la fin de sa vie utile, il doit désormais être traité comme une ressource usagée qu’il faut réutiliser ou recycler, notamment par :

  • Le réemploi in-situ: Cela implique de réutiliser les composants dans leur état actuel, dans le projet immobilier réhabilité.
  • Le réemploi ex-situ : Cela implique de réutiliser les composants dans leur état actuel dans d’autres bâtiments.
  • Le recyclage : Cela implique de décomposer les composants et de les recycler pour les réintroduire dans des cycles de fabrication. Par exemple, le béton peut être broyé et utilisé en sous-couche d’autoroute.
  • L’upcyclage : Cela implique de transformer les composants en produits de valeur supérieure. Par exemple, le béton peut être broyé et utilisé comme agrégat dans de nouveaux bétons.

Comme on peut le voir, toutes ces solutions ne se valent pas. Le recyclage par exemple, que l’on associe au “sous-cyclage” entraine une dégradation de la matière lors de la transformation. Il est donc préférable de privilégier le réemploi ou l’upcyclage, technique où la matière garde une qualité équivalente ou supérieure lors de la transformation.

B. Le choix de nouveaux matériaux

L’autre volet de la réhabilitation circulaire concerne le choix des nouveaux matériaux à intégrer au bâtiment rénové afin que le bâtiment soit le plus démontable possible. Il s’agit donc de sélectionner des produits et matériaux neufs, sains et conçus pour être eux-mêmes circulaires.

C. La création de la banque digitale

Le dernier volet consiste à modéliser tous les gisements de produits et matériaux neufs et réemployés sous la forme d’une banque de matériaux si possible digitale afin de :

  • Maitriser les impacts sanitaires et environnementaux des produits et matériaux mis en œuvre dans la réhabilitation;
  • Gérer toutes ses ressources en économie circulaire en phase exploitation;
  • Anticiper sa déconstruction pour que ses ressources ne deviennent jamais des déchets;
  • Faciliter le réemploi sur le territoire.

Les outils pour une réhabilitation circulaire

La réalisation d’une réhabilitation circulaire nécessite des outils spécifiques. Parmi ces outils, on peut citer les logiciels de modélisation de l’information du bâtiment (BIM) qui peuvent aider à planifier la réhabilitation et à évaluer l’impact environnemental des différentes options.

Il existe également des bases de données de produits et matériaux comme la Librairie et Noah de myUpcyclea qui fournissent des informations sur la circularité, non-toxicité, empreinte carbone des différents matériaux et aident à choisir les matériaux neufs ou issus du réemploi les plus appropriés.

La réussite d’une réhabilitation circulaire réside dans une planification minutieuse et le respect des délais, notamment lors des opérations de réemploi où les ressources usagées sont destinées à être utilisées sur d’autres chantiers. C’est là qu’un outil de suivi de chantier dédié devient essentiel pour faciliter la coordination de l’avancement des travaux.

Les avantages de ces outils vont au-delà de la simple coordination des travaux. Ils facilitent la collecte sur le terrain de l’état de vétusté des logements avant d’entamer les travaux de réhabilitation. Ils centralisent le recueil des informations détaillées sur l’état des éléments contrôlés (tels que les radiateurs, les sols ou même les gravats), facilitant le processus de réemploi en amont de la réhabilitation du bâtiment.

En conclusion, la réhabilitation circulaire est non seulement possible, mais elle est surtout essentielle pour rendre le secteur du bâtiment plus durable. Avec les bons outils et une approche bien pensée, nous pouvons transformer nos bâtiments en banques de matériaux et contribuer à une économie plus circulaire et durable.

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